Kawah Ijen
Nous reprenons la route avec une agence touristique en direction du sud est de Java pour faire étape à Bromo, un volcan situé dans les montagnes à 10h de route plus loin. Le trafic si dense et les habitations continues tout au long du chemin nous donnent l’impression de ne jamais quitter Yogyakarta. C’est incroyable. Je n’ai jamais vu autant de monde auparavant. Ca grouille dans tous les sens, même sur les petites routes de campagne. Avec ses 240 millions d’habitants, l’Indonésie se place au 4ème rang parmi les pays les plus peuplés de la planète, et Java est l’île la plus dense en terme de population au km2. Nous sommes placés tout devant dans le van avec à l’arrière 2 Russes, 1 Australien, 2 Hollandais et 1 Indonésien.
Cela nous donne une vue imprenable sur l’art de la conduite indonésienne.
Le chauffeur doit sans doute vouloir nous maintenir éveillés avec ses fréquents coups de frein et ses dépassements quand même Fongio ne dépasserait pas !
C’est quoi Bromo ?? Aucune idée… On a rien vu. C’est Bromo quoi ! (nouvelle expression pour dire que c’est nul !). Un brouillard épais recouvre tout le paysage. Nous nous sommes levés à 4h du matin à marcher dans la nuit pour monter 200 mètres de dénivelé L. Dommage… les photos de l’agence étaient bien alléchantes pourtant. On pourrait se dire qu’ils n’y peuvent rien les pauvres.
Cas de force majeure, il n’y a que les Dieux pour prévoir le temps. En toute honnêteté, je pense qu’ils savent très bien qu’on verraient rien du tout. Depuis que le volcan a recouvert toute la vallée de cendres volcaniques il y a 3 mois, la brume s’est installée de manière permanente. Cela n’a pas l’air d’être un problème pour l’agence en tout cas. Mais à en écouter les locaux, c’est catastrophique. Plus de récoltes et du travail pour mettre en sac les kg de cendres qui s’entassent. Vu le prix du circuit touristique, on relativise en se disant que c’est pas la fin du monde. On se dit aussi que les Indonésiens ne sont pas vraiment conscients de l’exigence européenne.
Bien entendu, un Européen ne reprochera pas le fait de ne rien voir à cause des conditions climatiques, mais il grincera des dents si le planning de départ n’est pas du tout respecté. 12 heures de route sans problème majeur au lieu de 9 heures indiquées sur le papier, ça agace. Nous poursuivons notre circuit organisé en voiture cette fois-ci en direction Kawa Ijen avec uniquement les 2 Hollandais ; Herman et Jeanne, 63 ans. Il faut savoir que dans ces contrées lointaines, faire appel à une agence touristique est presque obligatoire si on ne veut pas perdre trop de temps. Les sites sont vraiment perdues sans bus à l’horizon. Nous apprenons à connaître nos covoitureurs avec les 5 heures de route.
Ils sont vraiment adorables et les sujets de 
conversations ne manquent pas. Le feeling passe au point de provoquer parfois des rires et des larmes… Inutile de mentionner le nom de la madeleine qui a déversé tout un tas d’émotions sur ses joues en écoutant des expériences marquantes… Elle se reconnaîtra J
Levés une fois de plus à 4h, nous partons tous les 4 et le chauffeur pour Kawah Ijen ; un cratère situé tout à l’est de Java. Diable ! ça grimpe… 500 mètres de dénivelé avec un simple œuf dur et une tartine squelettique avalés avant de quitter l’hôtel. Mais la surprise inattendue, c’est la marche animée par des singes dans les arbres, des concerts d’oiseaux et une chaîne de 300 porteurs de souffre qui font chacun l’aller-retour depuis le cratère vers le parking.
65 kgs de chargement sur leurs petites épaules asiatiques. Voilà un métier bien éloigné de nos imaginations occidentales et encore plus loin de nos exigences qualité et sécurité au travail ISO 9001 & 18001. Et pourtant, on consomme ce souffre tous les jours dans le sucre, les médicaments ou les produits cosmétiques. Fren a 31 ans et en profite pour monter avec nous. Avec ses quelques mots d’Anglais, il nous raconte très brièvement sa vie. Cette marche est un peu le salaire de la peur au niveau physique. 7 jours consécutifs de travail avec 2 ou 3 montées (6 à 9h de travail) pour seulement 2 jours de repos.
En voyant ces conditions de travail, on finit par réaliser que le métro ou le RER parisien constitue une étape douce et chaleureuse dans notre quotidien J. Fren est analphabète. C'est d'ailleurs une des caractéristiques majeures des pays en voie de développement qui crée parfois une barrière significative dans la communication et les discussions avec les pays développés.
Prochaine étape : BALI