Delhi
Delhi la géante, Delhi l’étouffante, Delhi la bruyante… Avec ses quatorze millions d’habitants, la capitale indienne est un véritable phénomène. Il faut s’accrocher fort pour résister à cette ville qui peut emporter en un clin d’œil nos nerfs, notre patience et nos beaux souvenirs de l’Inde. Forcément, le quartier dans lequel nous logeons n’aide pas à garder le souvenir d’une ville calme et paisible. Le quartier « Old Delhi » est plutôt un amas de misère et de saleté. Si vous recherchez un dépaysement total, vous y trouverez votre compte par ici.
Encore faut il avoir le cœur solide pour avancer au milieu de la foule avec un infirme qui rampe à vos pieds en mendiant, ou bien un gamin de deux ans à peine, et sale comme une poubelle entrain de faire ses besoins dans les rue devant vous.
Mais en quittant le quartier, notamment vers Connaught place, Central secrétariat ou Khan market, on y trouve un autre Delhi tout aussi peuplé, mais beaucoup plus riche et raffiné avec les dernières modes vestimentaires, les voitures de luxe et une attitude bien différente. Bien naturellement, toutes les grandes villes possèdent des quartiers de CSP différentes, mais je n’ai personnellement jamais vu un contraste aussi violent ailleurs qu’à Delhi. Peut être aussi parce que je n’ai pas mis les pieds dans les favelas de Rio, allez savoir pourquoi…
Nous nous promenons dans les bazars du Old Delhi.
Impossible de prendre des photos de la pauvreté pour donner un aperçu du quartier. Une telle misère est intimidante. Elle nous rend vulnérable si on réfléchit trop. On ne veut même pas la voir droit dans les yeux quand elle vous fixe du regard. Selon eux, nous sommes des riches occidentaux avec des dollars plein les poches. Cette triste réalité ne laisse pas indifférent c’est certain. Mais accepter les inégalités sans pour autant culpabiliser, c’est peut-être tendre vers une mobilisation plus réfléchie et active à l’avenir, ou bien a plus mince échelle, ressentir un peu plus de compassion envers son entourage qui sait ?
Dans tous les cas, le coté émotionnel est touché. L’intensité dépend ensuite de la personne elle-même.
En marchant derrière Nat et Jul, je me retrouve dans un embouteillage de personnes sur le trottoir avec des gens qui poussent dans les deux sens pour avancer. Je suis alors bloqué par les personnes devant moi et les personnes qui poussent derrière. Ma première réaction est de mettre mes mains dans mes poches pour surveiller ma caméra d’un coté et mon portefeuille de l’autre. Ma caméra est toujours dans sa poche fermée mais pas de portefeuille L ! En me retournant de manière violente, je le vois tomber par terre et je me rue dessus.
Cet embouteillage n’était autre qu’un guet-apens pour qu’une main fine vienne faire tomber discrètement mon portefeuille par terre afin de ne pas être pris en flagrant délit, et pour que je continue mon chemin sans m’en rendre compte. Bref, deux secondes de plus et je n’avais plus de portefeuilleL. Mais tout est bien qui finit bien. Je l’ai récupéré sans une égratignure. Je ne suis pas dupe non plus. Je ne laisse pas plus de 250 roupies (4 euros) à portée de main dans ce genre d’endroit. Le reste se trouve en lieu sûr. Mais cela m’a rappelé une fois de plus à quel point il faut être vigilant avec ses affaires.
Une triste nouvelle familiale incite Nat à avancer son billet de retour en France. Après avoir joint la compagnie aérienne, elle se voit contrainte de quitter Delhi le jour même alors que Jul ne part que le lendemain. Mettre un terme si rapidement à la fin du voyage fût une décision difficile pour elle mais le voyage c’est aussi être flexible aux aléas qui surviennent. Et cela demande parfois quelques modifications de dernières minutes. Ce n’est pas facile pour moi de terminer le voyage sans elle et continuer tout seul, mais il reste quinze jours avant de rentrer en France et je souhaite de tout cœur les passer au Kashmir.
Pour le dernier jour de Jul, nous partons déambuler dans la ville à la recherche des marchés. Nous marchons sous une forte chaleur comme d’habitude et je sens Jul perdre son énergie au fur et à mesure que son vol de retour approche. Les deux dernières semaines ont été très chargées et bien éprouvantes. On ressent toujours plus de fatigue quand on voit la fin du voyage approcher. Le psychologique y joue pour beaucoup je pense. Nous étions trois hier soir, et après avoir laissé Jul à la station de métro pour l’aéroport, je me retrouve seul ce soir dans un train de nuit pour Jammu, porte du Kashmir…